Des chercheurs espagnols sont parvenus à développer à partir de cellules de peau des spermatozoïdes humains. C’est ce que révèle une étude publiée le 26 avril dans Scientific Reports, le journal en ligne de la revue Nature. Même si ces spermatozoïdes ne sont pour l’instant pas capables de féconder, ils représentent une avancée importante dans la lutte contre la stérilité.
Quelque 15% des couples se retrouvent dans l’incapacité d’avoir des enfants sans recourir aux ovules ou au sperme de donneurs. “Tout le monde voudrait avoir des enfants de ses propres gènes”, a expliqué à l’AFP Carlos Simon, directeur scientifique de l’Institut pour l’Infertilité de Valence, sur la côte méditerranéenne.
Que faire quand une personne qui veut avoir un enfant manque de gamètes (les cellules reproductrices, ovocytes ou spermatozoïdes) ? C’est le problème auquel nous voulons nous attaquer : créer des gamètes chez ceux qui n’en n’ont pas“, a-t-il poursuivi.
Les chercheurs de cette étude* se sont inspirés de la technique de reprogrammation cellulairedéveloppée par le Japonais Shinya Yamanaka et le Britannique John Gurdon, lauréats du prix Nobel de médecine 2012, pour transformer des cellules adultes en cellules souches.
D’abord, les chercheurs ont isolé une cellule de peau humaine dans laquelle ils ont introduit un assortiment de gènes indispensables pour la création de gamètes. Grâce à cette manipulation, la cellule adulte est reprogrammée. Elle revient ainsi au stade embryonnaire, on l’appelle alors cellule IPS (cellule souche pluripotente induite). C’est une cellule qui a été fabriquée en laboratoire à partir de cellules adultes. Elle est à nouveau capable de se transformer en n’importe quelle cellule de l’organisme.
En un mois, la cellule s’est transformée pour adopter la forme d’une cellule germinale, qui donne des spermatozoïdes ou des ovules, mais sans avoir encore la capacité de féconder. “C’est un spermatozoïde mais il a besoin d’une phase de maturation ultérieure pour devenir un gamète. Ce n’est qu’un début“, a expliqué le chercheur espagnol.
Cette étape est loin de celle franchie par des chercheurs chinois qui ont annoncé cette année avoir créé des souris à partir de sperme artificiel. “Avec l’espèce humaine nous devrons faire infiniment plus de tests parce que là il s’agira de la naissance d’un enfant”, a souligné Carlos Simon. “Nous parlons d’un processus de longue haleine”, a-t-il souligné.
De plus, il faut tenir compte des contraintes légales: pour développer cette technique il faudrait créer des embryons artificiels ce qui n’est permis que dans certains pays comme la Grande-Bretagne, où son équipe compte poursuivre ses recherches.
*L’étude, menée par l’Institut de Valence avec l’université américaine de Stanford, en Californie, a été publiée le 26 avril dans Scientific Reports, le journal en ligne de la revue Nature.
Source: Allodocteur.fr